du Clan des Brésiliens

du Clan des Brésiliens Fila Brasileiro

Fila Brasileiro

Le Tétanos chez le chien (trop méconnu)

Écrit par barbievétérinaire


Médecine Générale


Tétanos

Lors de blessure, de nombreux germes peuvent venir coloniser les plaies de vos FidelAmis et certains peuvent provoquer des maladies générales. Bien que rare, le tétanos fait partie de ces affections, aux conséquences potentiellement mortelles.


Clostridium tetani
, une bactérie ubiquiste et résistante…


L’agent du tétanos est un bacille anaérobie (qui peut se développer en l’absence d’air), de répartition géographique mondiale. Il est présent dans les sols, spécialement cultivés et fumés, la vase de mer ou de rivière. On peut même le retrouver en ville s’il a été transporté par le vent ou les eaux… Ses spores sont particulièrement résistantes, puisqu’elles peuvent persister au moins 18 ans, voire 30 ans !, dans le sol à l’abri de la lumière.
Clostridium tetani est également présent dans le tube digestif des animaux, notamment les herbivores et particulièrement le cheval, qui jouent un rôle important dans la dissémination des spores.
Ainsi, par l’intermédiaire du sol, des poussières ou des fèces, le germe peut contaminer la peau ou les muqueuses, directement ou via des objets (outils rouillés, seringues souillées…). 

Toute blessure ou piqûre, même minuscule, peut être contaminée

Le tétanos se contracte donc à l’occasion d’une plaie, le plus souvent externe (très exceptionnellement interne lors d’ingestion de spores si la muqueuse du tube digestif n’est pas intacte). Si toute plaie peut être contaminée, certains types sont particulièrement à risque :



  • les fractures ouvertes, les plaies des extrémités, les blessures obstétricales ;

  • les plaies renfermant des débris tissulaires déchirés ou nécrosés, des caillots, de la terre, des corps étrangers divers (les débris tissulaires apportent des nutriments nécessaires au développement des spores et la présence de corps étrangers empêche leur destruction par les cellules phagocytaires) ;

  • les plaies anfractueuses, profondes, peu ouvertes sur l’extérieur (milieu anaérobie).

 
Une neurotoxine aux effets redoutables

Après germination des spores dans la plaie, les bactéries se multiplient et produisent deux types de toxine : une hémolysine, non pathogène, mais surtout une neurotoxine qui a une affinité particulière pour les interneurones régulateurs situés dans la moelle épinière et le cerveau ; elle provoque une levée de l’inhibition de la contraction musculaire, d’où l’apparition de contractures localisées puis généralisées, permanentes et douloureuses des muscles squelettiques.


Deux formes de gravité différente

La maladie se déclare généralement de 5 à 21 jours après la contamination, parfois après plusieurs semaines chez le chat. Schématiquement, la maladie est d’autant plus grave que le délai d’apparition est court et que la « porte d’entrée » du germe est proche de la tête ou très vascularisée.
Le tétanos localisé est plus fréquent chez le chien que chez le chat. La rigidité commence sur le membre proche de la blessure, puis gagne le membre opposé. En l’absence de traitement, le tétanos peut se généraliser.
Apparaissent alors différents symptômes caractéristiques : rigidité musculaire extrême, entraînant une démarche raide voire une incapacité complète à se déplacer avec douleurs, opisthotonos (hyperextension de la nuque et du dos par contracture des muscles paravertébraux), élévation importante de la température, hypersensibilité auditive et tactile, convulsions,  énopthalmie (globes oculaires « enfoncés » dans les orbites) et procidence de la membrane nictitante (« troisième paupière »)… Les oreilles sont relevées, les lèvres tirées en arrière et le front plissé, réalisant l’aspect caractéristique de « rire sardonique » et de trismus. L’atteinte des muscles du pharynx entraîne une dysphagie (difficulté pour s’alimenter) et une hypersalivation, celle des muscles respiratoires et du larynx une détresse respiratoire potentiellement fatale.


Un traitement intensif de longue durée

L’évolution se fait dans 50 % des cas environ vers la guérison complète en 3 semaines, mais dans les autres cas vers la mort par arrêt respiratoire, ce qui peut justifier de la décision d’euthanasie dans certaines circonstances.
Le traitement du tétanos généralisé nécessite des soins intensifs en hospitalisation de longue durée (3 à 4 semaines).
Le traitement antibiotique fait appel à l’amoxicilline ou au métronidazole.
Les myorelaxants (barbituriques, phénothiazines, benzodiazépines) permettent de lutter contre les contractures musculaires.
L’antitoxine (sérum antitétanique d’origine équine) neutralise la toxine non fixée sur les interneurones. Elle est injectée par voie intraveineuse après prévention des éventuelles réactions allergiques.
Les plaies présentes doivent être soigneusement désinfectées, et les débris tissulaires et les corps étrangers éliminés.
Enfin, dans cette maladie à l’évolution longue et invalidante, les soins de soutien (« nursing ») sont capitaux : repos dans une cage silencieuse et obscure, couchage mou pour la prévention des escarres de décubitus, sondage vésical et lavements si nécessaires, alimentation ou respiration artificielle (voire trachéotomie)…
 


Le tétanos est rare chez les carnivores domestiques, car nos FidelAmis sont beaucoup plus résistants que l’homme ou le cheval (et le chat l’est 12 fois plus que le chien) aux effets de la toxine tétanique. Malgré cela, soyez vigilants, nettoyez et désinfectez soigneusement toute plaie accidentelle. Consultez le vétérinaire de votre FidelAmi qui décidera de la nécessité de réaliser un parage chirurgical pour éliminer les éventuels débris tissulaires et corps étrangers, et d’instaurer un traitement antibiotique. De même, le bien-fondé de la vaccination antitétanique doit être discuté au cas par cas selon le mode de vie de l’animal (proximité de chevaux…). 

Claire Allgeyer, Docteur vétérinaire